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Quelques questions courantes :
Qu’est-ce qu’une réserve naturelle ?
Une réserve naturelle est un outil juridique qui préserve efficacement et à long terme des milieux naturels fragiles et remarquables. Son objectif premier est la préservation. Les trois missions complémentaires confiées aux organismes de gestionnaires des réserves naturelles sont : protéger, gérer et sensibiliser. Les réserves naturelles peuvent être nationales (créées par l’État et sont sous sa responsabilité), régionales (créées par les Régions) ou de Corse (créées par la Collectivité de Corse).
Ce sont des laboratoires à ciel ouvert privilégiés, notamment dans le contexte du changement climatique, des espaces de transmission, de connaissance, de sensibilisation, de collaboration avec l’ensemble des acteurs du territoire.
Quelle réglementation au sein des réserves naturelles ?
Une réserve naturelle est un espace naturel protégé par plusieurs types de législations : le droit pénal général, le droit de l’environnement, le droit spécial des réserves naturelles et la réglementation propre à chaque réserve naturelle. Le droit spécial des réserves naturelles assure une protection commune à l’ensemble des territoires classés en réserve naturelle quel que soit leur statut national, régional ou de Corse (ex : interdiction de modifier l’état ou l’aspect d’une réserve naturelle sauf autorisation spéciale, interdiction de publicité). Quant à la réglementation propre à chaque réserve naturelle, elle est édictée par son acte de classement. L’article L.332-3 du code de l’environnement énumère les activités pouvant être réglementées ou interdites au sein de ces espaces. Un ensemble de critères sont pris en considérations par les autorités de classement pour définir cette réglementation : en premier lieu les enjeux patrimoniaux en présence, les activités susceptibles de nuire à ces enjeux.
Quels sont les critères pour devenir une réserve naturelle ?
Pour être classé en réserve naturelle, un territoire doit pouvoir justifier d’enjeux particuliers en termes de milieux naturels (faune, flore, sol, gisements de minéraux et de fossiles…) dont la conservation nécessite un encadrement des pratiques, et notamment l’interdiction des activités qui pourraient les dégrader.
Les enjeux particuliers peuvent être par exemple la présence d’espèces menacées au niveau national (pris en compte pour la création de réserves naturelles nationales par l’État) ou au niveau régional (pris en compte pour la création de réserves naturelles régionales par les Régions), d’espèces dites patrimoniales, ou encore d’espèces en faveur desquelles la France a pris des engagements au niveau européen.
Cela nécessite dans tous les cas des études préalables parfois conséquentes, d’où l’importance de la connaissance de la biodiversité et de la géologie dans les territoires !
Une réserve naturelle peut-elle faire partie d’un parc naturel ? Ces deux catégories d’aires protégées s’excluent-elles ?
Oui, c’est possible et même fréquent pour le cas des Parcs naturels régionaux : aujourd’hui 129 réserves sont situées (au moins en partie) sur le territoire d’un PNR et 52 sont même directement gérées par ces derniers. Cette articulation des statuts de protection est souvent très intéressante sur le terrain, car elle peut renforcer la capacité des réserves à s’intégrer aux projets de territoire, et à agir sur certains facteurs extérieurs qui l’influencent : les pratiques agricoles et forestières sur les bassins versants, les continuités écologiques…
Concernant les Parcs nationaux, c’est moins fréquent car ces derniers disposent aussi d’un outil réglementaire pour protéger les espaces naturels : les zones dites « cœur de parc national », également soumises à une réglementation comme les réserves naturelles. La tendance est donc plutôt à l’assimilation au sein des cœurs de parc : depuis 2013, 7 réserves naturelles ont ainsi été abrogées pour intégrer un cœur de parc national. On ne peut pas pour autant dire que ces catégories d’aires protégées s’excluent, car les Parcs nationaux comportent aussi une aire d’adhésion qui est de nature contractuelle : 19 réserves naturelles sont situées dans ces aires d’adhésion et 10 d’entre elles sont directement gérées par l’établissement public du Parc. En savoir plus
Quel est « l’effet réserve » sur la biodiversité et la géodiversité ?
Selon nos derniers chiffres, 20 % des espèces recensées en France prospèrent au sein des réserves naturelles, et les deux-tiers des espèces protégées ou menacées y sont présentes.
L’effet positif des réserves naturelles se mesure de manière très concrète. Les résultats de l’étude réalisée entre 2001 et 2018 sur les oiseaux communs en France en sont un parfait exemple. Au sein des réserves, leur population a augmenté de 12,5 %. En dehors, elle a chuté de près de 7 % !
Concernant le volet forêt, le réseau des réserves naturelles applique sur 170 sites un outil évaluant l’état de conservation des forêts (PSDRF) et collecte des données précieuses (point important de lien avec la recherche). En 2021, deux réserves ont été classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO : la Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane et la Réserve naturelle nationale du massif du Grand Ventron (forêts anciennes de hêtres en libre évolution).
Côté géologie, plus d’un tiers des réserves naturelles abritent un patrimoine d’exception, comme des fossiles et des minéraux incroyables mais aussi l’un des plus gros gisements d’œufs de dinosaures au monde.
Le réseau se donne comme objectif d’atteindre 500 réserves naturelles en 2030 : pourquoi ? Et quelles sont les prochaines sur la liste ?
Cet objectif de 500 réserves naturelles à l’horizon 2030 est intégré au son projet associatif de RNF. Aujourd’hui on parle aussi beaucoup de surface, avec un objectif de 10 % du territoire en protection forte, pour lesquels les réserves naturelles seront nécessairement des contributrices majeures. Les extensions de réserves naturelles existantes participent beaucoup à ces objectifs de surface, et c’est tant mieux car cela permet parfois d’atteindre des tailles suffisantes pour garantir une meilleure fonctionnalité naturelle des sites. Mais il ne faut pas oublier que sans nouvelles réserves, nous n’atteindrons jamais l’objectif de 10 % : cette cible des 500 réserves est aussi là pour nous le rappeler !
Quel bilan peut-on tirer des 40 ans d’existence des Réserves naturelles de France ? Y a-t-il des chiffres pour mesurer l’impact positif des réserves sur la biodiversité ?
Le réseau des réserves naturelles s’est constitué en 1982, de la volonté du Ministère de l’Environnement et de gestionnaires souhaitant une unité et une certaine indépendance d’action au bénéfice de la protection de ces sites en pleine expansion. À ce moment-là, c’est une 60aine d’organismes gestionnaires et 30 membres personnes qui constituent l’embryon de ce réseau de gestionnaires en devenir. L’association « Conférence permanente des réserves naturelles » est créée (et deviendra « Réserves naturelles de France » en 1994).
2022, 40 années d’une dynamique singulière, innovante et engagée caractérise ce réseau fortement soutenu par le Ministère de l’Écologie dès le départ puis par les Régions, à partir de 2005. À ce jour, ce réseau, animé par « Réserves naturelles de France » se compose de 357 réserves naturelles (169 RNN, 181 RNR, 7 RNC), 220 gestionnaires et près de 700 membres. C’est un réseau soudé, professionnel et engagé qui, depuis 40 ans, partage une vision commune sur le rôle primordial des espaces naturels protégés. Il contribue aux politiques publiques pour le compte de l’État et des collectivités (notamment Natura 2000) et à l’aménagement du territoire. Au bout de 40 ans d’existence, le réseau des réserves naturelles peut être fier de ses avancées et réussites telles que la mise en place de protocoles scientifiques communs, le développement de méthodes et d’outils pour la gestion, le portage de projets européens, des congrès toujours plus rassembleurs…