Réserve naturelle du Sabot de Frotey

La Réserve naturelle du Sabot a été créée en 1981 sur 98 ha de la commune de Frotey-lès-Vesoul pour protéger de l’urbanisation un remarquable relais biogéographique entre les massifs jurassien et vosgien. Il s’agit en effet de la conjonction, exceptionnelle en Haute-Saône, d’une falaise calcaire longue de plus de 600 m atteignant 40 m de haut au niveau d’un gros rocher en forme de sabot et d’un ensemble de pelouses sèches calcicoles, le tout exposé au sud-ouest.

Après l’abandon du pâturage traditionnel (ovin, caprin et bovin) des pelouses communales vers 1965, des arbres et arbustes, en particulier le pin noir, ont commencé à reconquérir le site faisant disparaître peu à peu les pelouses. Depuis 1988 ont été mis en place des travaux annuels de restauration de ces pelouses (abattage de pins, coupe de buis), conduits avec les employés communaux et des bénévoles. Ils permettent peu à peu de rouvrir et de reconnecter les pelouses entre elles, tout en gardant un réseau important de haies et bosquets feuillus.

Le maintien de ces milieux ouverts remarquables est assuré depuis 2000 par un pâturage extensif ovin sur plus de 30 ha (en rotation variable selon les années), en partenariat avec un agriculteur bio. Ces pelouses font parfois l’objet d’une fauche annuelle tardive (vers mi-juillet), d’autres sont uniquement fauchées (depuis 1992) ou pâturées. L’apport d’engrais même organique est exclu.

Des inventaires et suivis scientifiques permettent de mesurer l’évolution de la faune et de la flore, ainsi que l’impact des travaux de génie écologique.

La flore compte désormais plus de 480 plantes inventoriées, rares ou plus communes. On y trouve ainsi l’hélianthème des Apennins (moins de 10 stations en Franche-Comté) qui fleurit abondamment de mai à juin sur la corniche. Les pelouses, haies et taillis clairs abritent une vingtaine d’espèces d’orchidées dont certaines peuvent parfois être abondantes comme l’orchis bouffon, l’orchis pyramidal ou l’ophrys frelon.

Pour l’avifaune, à côté de l’alouette lulu, du bruant zizi (en expansion sur le site) ou encore du pic noir, retenons la présence de l’engoulevent d’Europe, étrange oiseau crépusculaire et nocturne qui dépend de la riche faune entomologique, comme les orthoptères et les papillons nocturnes.

De nombreuses espèces d’insectes sont bien présentes sur le site. Les orthoptères (criquets, sauterelles) comprennent 41 espèces, parmi lesquelles le criquet italien, l’oedipode bleue et le dectique verrucivore. Plus de 800 espèces de papillons nocturnes, dont la laineuse du prunellier et des espèces méridionales ont été inventoriées. Elles se joignent à une centaine d’espèces de papillons diurnes, dont l’azuré du serpolet. La réserve est aussi un des rares sites de Franche-Comté abritant l’ascalaphe soufré et l’ascalaphe ambré.

La réserve est pour moitié communale, pour moitié partagée entre plusieurs dizaines de parcelles privées. Le promeneur, qui est le bienvenu, est cependant invité à respecter soigneusement les barrières, portillons et clôtures (liées à l’élevage). Il accède librement aux sentiers balisés qui conviennent aussi bien à un public familial qu’à l’observateur naturaliste. Les observations peuvent être transmises à la LPO Bourgogne-Franche-Comté.